- replonger
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1 ♦ V. tr. Plonger de nouveau. « tournant les avirons et les replongeant ensemble » (Chardonne). — Pronom. Se replonger dans l'eau.♢ Fig. Remettre. Replonger un pays dans l'anarchie. ⇒ enfoncer. — Pronom. Se replonger dans sa lecture, dans le travail. « On se replonge ainsi dans son chagrin; on s'en régale » (Alain).2 ♦ V. intr. (1816; replongier « se retirer » 1200) Il replongea dans la piscine. — Fig. « replongeant chaque soir avec complaisance dans le flot de la foule » (Camus).♢ Fam. Récidiver (en parlant d'un délinquant, d'un criminel). Il a replongé.replongerv. tr. Plonger de nouveau.— Fig. Mettre de nouveau dans telle situation, tel état. Cette nouvelle les a replongés dans l'inquiétude.|| v. intr. Il a replongé du haut d'un rocher.|| v. Pron. Fig. Se laisser accaparer de nouveau (par une activité). Se replonger dans la lecture du journal.⇒REPLONGER, verbeA. — Empl. trans.1. Plonger de nouveau quelqu'un ou quelque chose dans l'eau ou dans un liquide. Avec un teint de mal de mer, il replongea sa cuiller dans son potage (DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1937, p. 287). Une grande cuvette de métal, pleine d'une eau beaucoup trop froide, (...) où les mains d'une femme de taille très élevée, à figure rose, et riant aux éclats, s'efforcent de la plonger et de la replonger (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1939, p. 61).2. P. anal.a) Faire disparaître de nouveau, enfoncer de nouveau une partie du corps (dans quelque chose). Il la regarde fixement au moment d'être frappé et replonge aussitôt sa tête dans ses bras (VALÉRY, Variété III, 1936, p. 118).— Empl. pronom. Réfl. indir. Bien qu'il fût encore accablé de honte, il commençait déjà à respirer quand, tout à coup, il se replongea la tête dans ses mains (HUYSMANS, En route, t. 2, 1895, p. 91). Réfl. [Le compl. second. désigne un endroit, un lieu vers lequel on revient] Disparaître de nouveau, s'enfoncer de nouveau dans. Se replonger dans son fauteuil, dans son lit, dans sa cachette. Je me contentai de ramener la couverture sur mon compagnon et sur moi, et de me replonger dans le duvet, tant je craignais de perdre la douceur de ce repos voluptueux (NODIER, Fée Miettes, 1831, p. 121).b) Mettre de nouveau, ramener, rejeter quelqu'un ou quelque chose dans un état, une situation. Je décidai de ne rien faire savoir à Meaulnes aussi longtemps que je ne serais pas certain de pouvoir lui annoncer quelque bonne nouvelle. À quoi bon en effet l'arracher à son désespoir pour l'y replonger ensuite plus profondément peut-être? (ALAIN-FOURNIER, Meaulnes, 1913, p. 223). Empl. pronom. réfl. [Le compl. second. désigne l'activité à laquelle on se remet, l'état dans lequel on se retrouve] S'adonner de nouveau à, se remettre à, revenir à. Se replonger dans ses réflexions, dans ses pensées, dans ses dossiers, dans sa lecture, dans le sommeil. Mathilde Roberty part ce soir. J'ai interrompu pendant qu'elle était là la rédaction de mes mémoires. Il me tarde de m'y replonger (GIDE, Journal, 1917, p. 615).B. — Empl. intrans.1. Plonger de nouveau (dans l'eau). Tantôt ils [deux crocodiles] remontent à la surface des vagues, se chargent avec une furie redoublée, s'enfoncent de nouveau dans les ondes, reparoissent, plongent, reviennent, replongent, et semblent vouloir éterniser leur épouvantable combat (CHATEAUBR., Natchez, 1826, p. 163).2. P. anal.a) Disparaître de nouveau rapidement. Replonger sous les draperies. Thénardier entre-bâilla la porte, livra tout juste passage à Jean Valjean, referma la grille, tourna deux fois la clef dans la serrure, et replongea dans l'obscurité, sans faire plus de bruit qu'un souffle (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 561). Sans transition on le retrouvait sociable, parlant de la peste avec abondance, sollicitant l'opinion de chacun et replongeant chaque soir avec complaisance dans le flot de la foule (CAMUS, Peste, 1947, p. 1446).b) Se remettre à, retourner à, s'adonner de nouveau à. Je remonte dans ma chambre et replonge dans mes lectures (DUHAMEL, Terre promise, 1934, p. 179).REM. 1. Replongée, subst. fém. Action de replonger; résultat de cette action. Synon. replongement. À la détente qui se produit en nous, nous sentons tout ce qu'avait d'oppressant, malgré son charme, cette replongée si profonde que nous venons de faire dans des âges antérieurs (LOTI, Maroc, 1889, p. 356). 2. Replongement, subst. masc., rare. Action de replonger; résultat de cette action. Synon. replongée. Il ne veut pas autre chose que la gloire de Jésus-Christ aujourd'hui même! Ce n'est pas des pierres qu'il a à enfanter, ce sont des hommes, et sa paternité, c'est le baptême, le baptême ou replongement dans cette eau qui est le mouvement lui-même (CLAUDEL, Feuilles Saints, 1925, p. 658).Prononc. et Orth.:[
], (il) replonge [-
]. Att. ds Ac. dep. 1835. Étymol. et Hist. a) Ca 1200 abs. replungier « se renfoncer à la hâte (de combattants) » (Garin le Loherain, éd. J.-E. Vallerie, 4556); b) 1302 « plonger de nouveau » (Texte de Valenciennes cité ds DE POERCK t. 2, p. 168: dras en cuve replonkiés); 1549 replonger (EST.). Dér. de plonger; préf. re-. Fréq. abs. littér.:486. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 696, b) 578; XXe s.: a) 557, b) 823.
replonger [ʀ(ə)plɔ̃ʒe] v. [CONJUG. plonger.]ÉTYM. 1549; replonkier, 1302; de re-, et plonger.❖♦ Plonger de nouveau.1 V. tr. || Replonger son bras, ses bras dans… (→ Pince, cit. 4; poudrer, cit. 1). — Pron. || Se replonger dans l'eau. || Se replonger dans l'abîme (→ Démon, cit. 1).1 (…) il se leva sans même boire son verre de groseillette, serra la main du pharmacien stupéfait et se replongea dans le brouillard de la rue.Maupassant, Pierre et Jean, IV.2 (…) tournant les avirons et les replongeant ensemble (…)J. Chardonne, les Destinées sentimentales, p. 111.♦ Fig. || Replonger un pays dans le désordre, dans l'anarchie. ⇒ Enfoncer. || Replonger qqn dans le désespoir. — Pron. || Se replonger dans une lecture, dans un livre, dans le travail.3 Tout concourut à me replonger dans cette mollesse trop séduisante, pour laquelle j'étais né, mais dont le ton dur et sévère, où venait de me monter une longue effervescence, m'aurait dû délivrer pour toujours.Rousseau, les Confessions, IX.4 (…) on reprend sa propre histoire comme un roman bien noir que l'on a laissé ouvert sur sa table. On se replonge ainsi dans son chagrin; on s'en régale; on revient sur ce que l'on craint d'en oublier; on passe en revue tous les maux possibles que l'on peut prévoir.Alain, Propos, 31 déc. 1911, Gribouille.4.1 (…) Mme Pigeonnier a quarante-cinq ans, mais on lui sait un passé. Théo soupçonne bien des choses au sujet de Mme Pigeonnier. Mais Mme Pigeonnier rentre, fièrement drapée. Théo se replonge dans les Misérables.R. Queneau, le Chiendent, p. 53.5 Il vivait complètement retiré dans son appartement (…) Le soir seulement, il faisait des sorties furtives (…) Puis, sans transition, on le retrouvait sociable (…) et replongeant chaque soir avec complaisance dans le flot de la foule.Camus, la Peste, p. 299.❖DÉR. Replongée.
Encyclopédie Universelle. 2012.